A l’étoile
A l’étoile qu’on aperçoit
Il y a un si long chemin
Que la lumière traversa
Par les millénaires sans fin.
Peut-être est-elle éteinte dans
L’immensité des lointains bleus
Mais c’est à peine maintenant
Qu’elle reluit dans nos yeux.
Les traits de 1’astre mort là-bas
Montent au ciel lentement;
Elle était sans qu’elle fût Ià,
Quand on la voit elle est néant.
Ainsi quand notre amour divin
Périt dans la profonde nuit,
L’éclat de notre feu étaint
Persiste encore, nous poursuit.
Glose
Le temps passe, Ie temps vient
tout est ancien, tout est nouveau;
Ce qui est mal, ce qui est bien
Pèse et médite à tout propos;
N’espère pas et n’aie pas peur,
Ce qui est flot en flot s’en va,
Si on te mande ou on te leurre.
A toute chose reste froid.
D’innombrables choses on voit,
On en entend sonner beaucoup,
Qui pourrait retenir cela,
Et qui pourrait écouter tout?. .
Toi, tu dois t’asseoir d’un côté,
Tc retrouvant dans ton maintien,
Dans les bruits de la vanité
Le temps passe, le temps vient.
Que ne penche pas son aiguille
La balance du froid penseur
Vers l’instant léger qui oscille
Pour le faux masque du bonheur
Qui surgit de sa mort peut-être
Et retombe dans le chaos;
Pour celui qui peut le connaître
Tout est ancien, tout est nouveau.
En spectateur au grand théâtre
Dans ce monde imagine-toi:
Sous masques tristes ou folâtres
Son jeu, tu le devineras.
S’il se dispute ou s’il en pleure
Tu dois méditer dans ton coin
Pour saisir dans leur art trompeur
Ce qui est mal. ce qui est bien.
Car l’avenir et le passé
Sont les doux faces de la feuille,
Voit tont au bout le point d’entrée
Celui qu’exerce son oeil
Tnut ce qui fut ou qui sera
Sr trouve dans les faits, les mots,
Quant à leur vanite déjà
Pese et medite a tout propos.
Aux mêmes moyens destinés
Se soumet tout ce qui existe
Et depuis des milliers d’années
Le monde est gai, le monde est triste
D’autres masques, la même pièce,
D’autres voix, mais te même choeur,
Même trompé, dans ta détresse
N’espere pas et n’aie pas peur.
N’espère pas quand les salauds
Pour le trionphe se battront
Ils l’emporteront, les idiots
Malgré ta belle étoile au front:
Ne t’en fais pas, ils vont chercher
Entre eux-mêmes se ployer bas,
Ne sois jamais leur associé:
Ce qui est flat, en flat s’en va.
Pareil à un chant de sirène,
On vous attire en guet-apens;
Pour chancher les acteurs. sur scène
On vous attrappe en vous leurrant’;
A côté glisse vite et sors,
Ignore leurs propos flatteurs,
De ton sentier en dehors.
Si l’on te mande ou on te leurre.
Evite cependant leurs coups,
Face aux calomnies tais-toi bien;
Renonce à tes conseils surtout
Si tu connais leurs vrais moyons;
lls peuvent parler à leur aise,
Vive en ce monde qui vivra
Et afin que rien ne te plaise,
A toute chose reste froid.
A toute chose reste froid,
Si l’on te mande ou on te leurre,
Ce qui est flot en flot s’en va,
N’espère pas et n’aie pas peur;
Pese et medite à tout propos
Ce qui est mal, ce qui est bien,
Tout est ancien, tout est nouveau:
Le temps passe, le temps vient.
|
Mihai Eminescu
And If…
And if the branches tap my pane And the poplars whisper nightly, It is to make me dream again I hold you to me tightly.
And if the stars shine on the pond And light its sombre shoal, It is to quench my mind’s despond And flood with peace my soul.
And if the clouds their tresses part And does the moon outblaze, It is but to remind my heart I long for you always.
|